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"Le Magazine de l'Optimum" (Avril-Mai 2000) - Article : Gwen Douguet - Photo : Vern Evans/Sygma

 

Russell CroweRUSSELL CROWE

Nouveau poids lourd du cinéma

L'Australien enfonce tout sur son passage. Au point de faire de l'ombre au géant Pacino. Plus qu'une "Révélation", il explose littéralement dans le dernier film de Michael Mann.

A bientôt 36 ans, Russell Crowe n'a peur de rien, surtout pas de modifier son image pour côtoyer la vérité d'un personnage. Ainsi pour donner du corps au co-héros du film de Michael Mann - l'autre étant Pacino - et incarner Jeffrey Wigand, l'homme qui fit réellement trembler les "parrains" du tabac américain et paya le prix fort pour avoir osé parler, Crowe s'est gavé de cheeseburgers et noyé dans le bourbon. Façon De Niro, il est passé de 82 à 104 kilos. En six semaines. Il s'est rasé le crâne pour y poser une perruque de cheveux gris, a modifié sa façon de marcher pour camper ce personnage proche de la cinquantaine.

"Prendre le public par surprise", telle est sa devise. "Jouer, c'est être l'autre, physiquement, intellectuellement, et le communiquer dans toutes les travées." A ce jeu, Russell Crowe, le fou de travail, est plutôt doué. D'ailleurs Michael Mann, le réalisateur de Heat, rêvait de travailler avec lui. Mais l'animal se cabrait, hésitait. "Le scénario était fabuleux, l'un des trois meilleurs que l'on m'ait proposés, seulement je n'arrivais pas à savoir quel rôle je pouvais jouer."

L'affaire s'est dénouée quand les deux hommes se sont rencontrés. Pourquoi ? Pour une histoire de bottes et de superstition. "Michael portait les mêmes que moi". Leur collaboration débouchera sur The insider (Révélations en français), un film où Crowe accapare l'écran, au point de faire de l'ombre au géant Pacino.

Après sa prestation et afin de se changer les idées tout en perdant du poids, Russell Crowe s'est retrouvé à ferrailler dans les arènes romaines, sous les ordres d'un Ridley Scott impressionné. Il a signé The gladiator (sortie prévue cet été) les yeux fermés. Comme il vient de le faire pour le Flora Plum de Jodie Foster.

Crowe est un fougueux, le genre pur-sang. Certains le disent bougon, vous déconseillent de le chatouiller, surtout avec la plume de l'indiscrétion. Car il peut se fâcher, envoyer tout valdinguer comme son personnage de flic salement impulsif dans L.A. Confidential. Il est vrai que son seul regard vous interdit de savoir sur quel pied danser. L'humeur itou. Sans parler de la voix, profonde, rocailleuse, capable de déclencher une avalanche de frissons. A en croire Sharon Stone, "Russell Crowe serait, aujourd'hui, le plus sexy de toute l'industrie".

L'actrice l'avait engagé pour Mort ou vif. C'était en 1994. Crowe n'avait pas encore le pied à l'étrier de la célébrité. Il avait bien été remarqué dans Proof de Moorhouse et en nazillo-givré dans Romper stomper, mais rien de suffisamment concluant pour empêcher Hollywood de dormir. Est-ce pour cela qu'il dit avant L.A. Confidential "avoir joué dans dix-huit films et donné autant de mauvaises représentations" ? Tout est possible avec cet acteur porté par l'amour du métier.

Sa détermination, il l'acquiert à cinq ans, en découvrant l'ambiance des plateaux avec ses parents qui travaillaient dans les coulisses du cinéma et de la télévision. "Cela me fascinait. Rien n'a changé. Enfin presque." Le petit Russell a ainsi appris sur le tas. En regardant. Ballotté entre un bout d'enfance près d'Auckland et tout le reste à Sydney, entre une ascendance maorie du côté de la grand-mère de son père et un faible pour les Kiwis. Rien ne l'effraie alors, surtout pas d'imaginer pouvoir tout jouer, "y compris dans un seul film". Mais avant cela, il fréquente le lycée, tâte de la musique, forme les "Roman Antix", se prend pour un compositeur, écrit des chansons, les signe Russ le Roq. L'un des titres est prémonitoire et s'intitule Je veux être Marlon Brando. A cette évocation, il éclate de rire et reprend la balle au bond pour ajouter avoir enregistré, non sans une fierté amusée, "ce qui se faisait de pire".

Une tripotée de petits boulots plus tard, et sans passer par la fameuse National Institute for Dramatic Arts fréquentée par Mel Gibson, Judy Davis... il décroche son premier rôle dans Blood oath. Il a vingt-cinq ans. Onze ans après, la gloire lui fait du charme. Mais pas de quoi trembler. L'individu est costaud, solide, les pieds scellés au sol. C'est son côté fermier. Il le cultive, entre deux tournages, dans sa ferme australienne de six cents hectares, au milieu de sa centaine de vaches, de chevaux et autres animaux, entouré de son frère et d'amis.

Crowe c'est de la graine de gros. De très gros.